Remettre sur l'enclume l'ouvrage de ta vie
Tu as perdu innocence, foi, confiance, tous tes buts élevés
Tu as rendu par déviance froids tes immenses champs incultivés
Tu n'as plus de conscience, de joie, tes rêves se sont évaporés.
Mais jusqu'à quand, en ministre, ton coeur de bitume
Celé d'un grand volcan sinistre de peurs qui fume
Jouera ce registre tronçonné d'amertume ?
A l'insu de tes silences ami(e), ta protection
J'ai entendu ta méfiance, tes non-dits à foison
J'ai vu tes souffrances d'aujourd'hui, ta résignation.
Alors j'ai su ta différence dans la vibration ...
Or, j'ai connu les malchances aussi, la trahison
Dès lors, j'ai cru fort en ma chance pour consolation.
Au risque de souffrir, j'ai choisi de m'ouvrir à tort ou à raison
Seul risque de grandir, je choisis de t'offrir mon trésor en moisson
Risque de t'embellir si tu choisis de t'en servir à ta façon.
Par frousse d'être blessé(e), remonté(e), tu t'es blindé(e)
Ta frimousse ne laisse rien passer, tu es fermé(e)
Sous housse bien gardée, tu crains sans fin d'être aimé(e).
Dis, pourquoi ne pas remettre l'ouvrage de ta vie sur l'enclume
Lui permettre d'évoluer sans cage, sans penser perdre plume
Emettre l'idée d'évacuer chaque rage de son écume ?
Et si l'amour frappe à ta porte en amont, cesse d'espérer
Si à ton tour, t'attrape, t'emporte de son profond souffle léger
Ne sois sourd(e) d'aucune sorte, aie ce front de le laisser circuler.
Muriel Brosset
3 Février 2003